7 millions de PER ouverts, une fiscalité qui change la donne, des dispositifs qui se bousculent au portillon : la retraite privée n’est plus un terrain réservé aux initiés. Derrière les chiffres, ce sont des choix concrets, des stratégies personnelles et une envie croissante de ne pas subir la fin de carrière. L’assurance-vie, le PER individuel, la possibilité d’arbitrer entre rente et capital : les outils se multiplient, mais rares sont ceux qui en saisissent toute la mécanique. Pourtant, la différence se joue souvent sur un détail, une option, une anticipation. Le cœur du sujet n’est plus : faut-il préparer sa retraite ? Mais comment le faire sans se tromper de levier ni perdre en souplesse. L’heure n’est plus à l’attentisme.
Choisir une solution de retraite privée, c’est accepter d’entrer dans le détail, de regarder de près fonctionnement, règles fiscales, modalités de gestion. À ce jeu, la souplesse du PER séduit : versements libres ou programmés, pas de plafond contraignant, possibilité de sortie en capital ou en rente. L’assurance-vie, elle, reste un pilier, notamment grâce à sa fiscalité propre et à son régime spécifique en matière de succession. Les transferts sont possibles, mais ils obéissent à des règles précises, et chaque contrat conserve sa logique de rendement et de disponibilité des fonds.
Pourquoi envisager une pension privée pour préparer sa retraite ?
La retraite en France concerne plus de 17 millions de personnes, pour une pension moyenne de 1 626 € bruts mensuels (DREES, 2024). Ce chiffre, bien éloigné des standards nécessaires pour maintenir son niveau de vie, nourrit les inquiétudes. Les projections du Conseil d’orientation des retraites situent le taux de remplacement net à 71,9 % : concrètement, une baisse de revenus s’impose pour beaucoup de foyers. L’inflation accentue encore ce phénomène, grignotant chaque année la valeur réelle des pensions.
Face à cette réalité, l’épargne privée prend une place stratégique. Elle ne vise pas à remplacer les régimes obligatoires, mais à les compléter intelligemment. PER, assurance-vie, SCPI, PERCO ou PERP : toutes ces formules permettent d’ajuster sa préparation à la retraite en fonction de ses objectifs. Le PER attire par sa flexibilité et par la déduction possible des versements volontaires du revenu imposable, dans la limite de 10 % du PASS. De son côté, l’assurance-vie continue de séduire grâce à son régime fiscal attractif et à ses facilités de transmission.
L’écart de pension entre femmes et hommes, 38 % en moins pour les premières, illustre la nécessité d’une démarche personnalisée. Voici pourquoi il devient pertinent de s’y pencher :
- Anticiper la baisse de revenus au moment du passage à la retraite
- Préserver son pouvoir d’achat malgré l’érosion monétaire
- Se garantir un complément de revenus que ce soit sous forme de rente ou de capital
La plupart des Français épargnent encore peu pour leur retraite, alors que les solutions existent et n’attendent qu’à être activées. Considérer la retraite privée comme un véritable levier, c’est se donner les moyens de ne pas subir.
Comparatif des principales solutions d’épargne retraite : assurance-vie, PER et autres dispositifs
PER, assurance-vie, SCPI : des stratégies complémentaires
Le PER (Plan Épargne Retraite) s’est imposé comme référence. Il s’ouvre à tous les profils, propose une gestion pilotée par défaut, laisse le choix entre sortie en capital ou en rente, et facilite le transfert des anciens produits (PERP, Madelin, PERCO). Son point fort : la déductibilité des versements volontaires du revenu imposable, dans la limite de 10 % du PASS. Ce mécanisme attire les contribuables dont l’imposition est élevée.
L’assurance-vie garde son attrait. Elle n’est pas réservée à la seule retraite : elle permet de transmettre un capital, de profiter d’une fiscalité allégée après huit ans et d’opter, à la sortie, pour un capital ou une rente. Les contrats multisupports autorisent la diversification (fonds en euros, unités de compte) et la gestion du niveau de risque.
Les SCPI complètent le tableau. Les SCPI de rendement distribuent des revenus réguliers, utiles pour arrondir la pension. Les SCPI fiscales ciblent une réduction ou une déduction d’impôt, mais restent moins liquides qu’un PER ou une assurance-vie.
Ces éléments permettent de mieux distinguer chaque dispositif :
- PER : optimisation fiscale, modalités de sortie flexibles, transferts facilités
- Assurance-vie : solution polyvalente, fiscalité allégée après huit ans, transmission simplifiée
- SCPI : diversification du patrimoine, revenus supplémentaires potentiels, fiscalité particulière
Il n’est pas nécessaire de se limiter à une seule formule. Croiser les dispositifs, c’est tirer le meilleur parti de chaque option, en fonction de son horizon d’investissement et de sa situation patrimoniale.
Fiscalité, déblocage, transfert : ce qu’il faut savoir avant de choisir
La fiscalité reste un enjeu majeur. Sur le PER, les versements volontaires se déduisent du revenu imposable dans la limite de 10 % des revenus professionnels (plafond PASS). À la sortie, la fiscalité diffère selon l’option choisie : en capital, seule la part des intérêts est taxée ; en rente, la tranche marginale d’imposition s’applique, avec les prélèvements sociaux en supplément.
Du côté des assurances-vie, la fiscalité devient plus douce après huit ans de détention. Les gains profitent d’un abattement annuel, puis d’un prélèvement forfaitaire ou de l’imposition au barème, selon le choix effectué. En cas de succession, la transmission bénéficie d’un régime fiscal favorable, bien plus avantageux que celui du PER.
Le déblocage anticipé est une question à ne pas négliger. Pour le PER, il n’est possible qu’en cas d’événement grave (invalidité, décès du conjoint, surendettement) ou pour l’achat de la résidence principale : une porte de sortie utile pour les primo-accédants. L’assurance-vie se distingue par sa liquidité : on peut retirer les fonds à tout moment, sans justification, un vrai plus en cas de coup dur.
Le transfert des contrats a été simplifié. Désormais, un PER peut regrouper les anciens dispositifs (PERP, Madelin, Article 83, PERCO), ce qui facilite le suivi, limite les frais et clarifie la gestion. Les SCPI, en revanche, restent moins mobiles : transférer une part d’un contrat à l’autre se révèle complexe et coûteux.
Préparer sa retraite, c’est accepter de composer avec des règles mouvantes, des produits qui évoluent et des choix à faire parfois tôt. Mais c’est aussi, pour qui s’y penche, la possibilité d’aborder la retraite sans crainte d’un compte à rebours anxiogène. Ce qui hier semblait complexe devient aujourd’hui un terrain d’action, à condition de s’en saisir.


